La guerre en Ukraine : un vent mauvais qui nous concerne

  Général (2S) Marc Paitier

L’évolution de la guerre en Ukraine est incertaine et son terme difficile à évaluer. Les analystes se contredisent et fournissent des interprétations contradictoires des événements. Il y a ceux qui parlent d’enlisement de l’armée russe tandis que d’autres, au contraire, expliquent le ralentissement par le fait que les objectifs opérationnels ont été atteints. Certains soulignent les insuffisances de l’armée russe et magnifient la résistance du peuple ukrainien ; d’autres relativisent ces deux données. Il est beaucoup trop tôt pour établir un bilan objectif des premières semaines de la guerre en Ukraine. Il n’est pas interdit cependant de chercher à en tirer quelques enseignements. Nous en prenons le risque, avec toute la réserve qui s’impose.

L’existence d’une guerre sur le théâtre européen nous rappelle que l’histoire resurgit avec ses tendances lourdes et ses tragédies. Nous avons trop longtemps vécu dans un aveuglement coupable, encouragés par ceux qui pensaient tirer les dividendes de la paix et mettaient en œuvre une politique de désarmement militaire mais, plus grave encore, de désarmement moral, transformant l’homme en consommateur et en jouisseur. On doit s’interroger sur notre capacité de résistance pour faire face à une agression majeure sur notre territoire. Savons-nous encore ce que nous défendons et avons-nous le courage de penser que cela vaut plus que notre vie ? La guerre en Ukraine nous invite à nous poser cette question vitale.

  1. Réflexions à propos du conflit ukrainien

L’armée russe et les limites de la puissance

L’opération militaire qui a conduit à l’annexion de la Crimée en février et mars 2014, les offensives dans le Donbass de l’été 2014 et de janvier 2015, l’intervention dans le conflit syrien ont été remarquablement conduites et ont contribué à redorer le blason de l’armée russe. Il s’agissait d’opérations de faible ampleur, bien préparées, sur des théâtres limités dans l’espace. L’invasion de l’Ukraine est une opération d’une envergure beaucoup plus grande qui constitue une première pour l’armée russe. L’objectif initial qui visait le contrôle du pays et la destruction des forces armées ukrainiennes n’est pas atteint. L’armée russe montre des signes de faiblesse qui sont imputables à des failles capacitaires dans le domaine du commandement, du renseignement, du soutien logistique et de la coordination du combat interarmes. Elle est aussi ankylosée par une doctrine trop rigide qui ne lui permet pas d’adapter efficacement ses plans aux circonstances et à leurs évolutions. Historiquement, l’armée russe a toujours misé sur ses effectifs et sa force pour écraser l’ennemi sans tenir compte des pertes humaines. L’armée française a retenu trois grands « principes de la guerre[1] » : la liberté d’action[2], l’économie des moyens[3] et la concentration des efforts[4]. Ces trois principes valorisent, à tous les niveaux, l’esprit d’initiative. L’armée russe intègre ces principes mais les dilue, en en ajoutant six autres parmi lesquels figure « l’anéantissement ». Cet effet recherché, que les Russes sont les seuls à ériger en principe de la guerre, influence fortement leur doctrine tactique[5]. Sa mise en œuvre, qui privilégie l’approche directe et l’attaque frontale, repose sur le nombre et la puissance des armements. L’objectif est la destruction de l’ennemi plutôt que sa dislocation morale. Au soir de la victoire de Fontenoy[6], le jeune Louis XV contemplant le champ de bataille jonché de cadavres ennemis s’écria : « Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes, la vraie gloire est de l’épargner. » Voilà un sentiment, totalement étranger à l’actuel « Tsar de Russie » comme à ses prédécesseurs soviétiques et impériaux. L’armée russe est une armée de « rouleau compresseur » qui ignore les subtilités tactiques et néglige même ses propres pertes. Le sang des hommes n’est pas économisé. En 2004, le « règlement » de la prise en otages par des terroristes tchéchènes d’un millier d’enfants et d’adultes dans une école de Beslan[7], s’est soldé par la mort de 337 civils dont 186 enfants. Il faut prendre en compte ces données, inscrites dans l’esprit russe, pour comprendre la nature des opérations conduites en Ukraine qui choque tant la sensibilité occidentale. Côté ukrainien, la vision est la même. Les abondants bombardements sur les populations civiles du Donbass le démontrent.

Dans le schéma mental russe, il y a peu de place pour la prise d’initiative aux échelons subordonnés. C’est ainsi que l’on voit, dans les combats récents, une immense colonne de véhicules blindés immobilisée sans réagir suite à la destruction d’un pont par les forces ukrainiennes. Elle devient alors une proie facile pour les forces de l’adversaire. A l’heure où ces lignes sont écrites, la totalité des forces russes déployées sur le théâtre ukrainien est engagée. Ces forces représentent 75% des forces de combat disponibles dans l’armée russe. Les 25% restants constituent un faible réservoir car elles ont d’autres missions à assurer. « « Plus l’incertitude est grande plus le chef doit avoir le courage d’accroître la part de sa réserve ». Les Russes ne semblent pas observer cette règle tactique proférée par le maréchal Foch, sans laquelle il n’est pas possible de durer dans le temps et de faire face à l’imprévu.

La primauté des forces morales

Les media insistent sur la vigueur de la résistance populaire et sur la valeur de l’armée ukrainienne. Cette dernière fait preuve d’une réelle combativité et livre une défense acharnée. L’armée régulière et les forces de défense territoriales mènent des offensives limitées mais efficaces contre les colonnes russes et les moyens logistiques. Dans le combat de mêlée et la conduite du combat interarmes, les forces ukrainiennes semblent prendre un réel ascendant tactique sur les forces russes en combinant judicieusement l’emploi des drones, de l’artillerie et des chars. Si elles parviennent à contre-attaquer localement, la portée de ces opérations demeure cependant limitée. Elles ne sont pas en mesure de reprendre les vastes zones conquises par les Russes. Le niveau des pertes humaines et matérielles est un objet de propagande d’un côté comme de l’autre. Il est impossible de l’évaluer avec précision mais il est certain qu’il est lourd dans les deux camps. Le moral des belligérants est tout aussi difficile à appréhender, son évolution davantage encore. Il s’agit pourtant de la donnée qui conditionne l’issue du conflit. « Les forces morales, disait Napoléon, entrent pour les trois quarts dans le résultat final ; les forces numériques et matérielles n’y comptent que pour un quart. »

Côté ukrainien, il semble se situer à un très bon niveau. Les forces ukrainiennes se battent dans une posture défensive qui les expose moins. Les unités qui défendent s’usent moins vite que celles qui attaquent. Elles bénéficient, par ailleurs, d’un appui significatif des pays occidentaux : fourniture de munitions, d’armements et de renseignement. Leur bonne tenue au combat tranche singulièrement avec les jugements très critiques émis par de nombreux analystes qui insistaient sur le niveau de corruption au sein de l’institution militaire et l’incapacité de celle-ci à se réformer et à se moderniser. Les aptitudes qu’elles démontrent contredisent ce constat sévère. Les faiblesses russes expliquent certes les performances tactiques ukrainiennes mais il faut aussi considérer un autre facteur qui est celui du ressort moral d’une armée qui se bat pour défendre sa terre avec le soutien de la population. Partagée par la langue, la religion gréco-catholique et orthodoxe, l’influence russe et l’influence occidentale, l’Ukraine fait pourtant la démonstration qu’elle possède une réelle identité nationale. Elle est devenue un État-nation. Il ne faut pas oublier qu’en 1991, l’indépendance de l’Ukraine a été approuvée à 92% avec une participation de 85% du corps électoral. L’agression russe a pour effet de renforcer le sentiment patriotique. La détermination qui en résulte vient confirmer l’adage bien connu du stratège et historien athénien Thucydide : « La force de la cité ne réside ni dans ses remparts ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses citoyens. »

Certains observateurs n’hésitent pas à dresser un tableau plus mitigé du moral de l’armée russe en alléguant qu’elle serait mal ravitaillée, qu’elle n’était pas préparée à envahir l’Ukraine et qu’elle est sidérée par la résistance du peuple ukrainien. Il n’en demeure pas moins que les conquêtes russes sont significatives et qu’elles se poursuivent, ce qui veut dire que le moral et la discipline des unités ne sont pas réellement entamés. L’armée russe reste, elle aussi, animée par un fort sentiment patriotique. Elle bénéficie du soutien de la nation et reste fidèle à Vladimir Poutine.

De sombres perspectives à court terme

Malgré les limites qui ont été soulignées, l’armée russe n’est pas en situation d’échec. La guerre a commencé, il y a six semaines seulement et les gains territoriaux sont importants.  Elle ne cherchera pas à contrôler l’ensemble du pays mais reportera son effort sur le Donbass. Il faudra voir, dans les semaines qui viennent, si les forces ukrainiennes sont capables de tenir les positions actuelles. On risque donc d’assister à un enlisement avec des Russes qui ne pourraient plus conquérir de nouveaux espaces et des Ukrainiens trop faibles pour envisager de les chasser des territoires conquis. Raisonnablement, faute d’une victoire possible, Kiev et Moscou devraient chercher une issue diplomatique. Celle-ci est très improbable à court terme. Vladimir Poutine doit obtenir des résultats suffisamment notables pour ne pas apparaître comme le perdant. La détermination ukrainienne ne faiblit pas pour le moment. La solution négociée n’est pas d’actualité. Le conflit devrait donc durer entre une Russie affaiblie, dépendante de la Chine pour compenser les sanctions occidentales qui pèsent lourdement sur elle et une Ukraine partiellement occupée soutenue par l’Occident. Une nouvelle guerre froide ou plutôt tiède, en quelque sorte. Sans perspective de victoire militaire par les moyens conventionnels, Vladimir Poutine pourrait alors être tenté de masquer son échec en changeant la nature du conflit. C’est ainsi qu’il brandit l’arme nucléaire, entretenant l’ambiguïté sur ses véritables intentions.

  1. Sommes-nous prêts ?

En France la question militaire a longtemps été totalement occultée, réduite à l’état de trace dans les programmes politiques. La guerre en Ukraine aura au moins eu le mérite de la replacer au cœur de nos préoccupations. La perspective d’un conflit de haute intensité en Europe et sur notre propre territoire ne peut plus être exclue. Celle-ci s’ajoute à la guerre de civilisation qui menace notre existence. Le général de Villiers et l’actuel CEMA[8], le général Burkhard nous avaient avertis, mais nous avions la tête ailleurs. Saurons-nous faire face à ces dangers mortels ? On ne livrera ici que quelques pistes de réflexion.

L’armée française

Ces dernières décennies, le budget de la défense n’a cessé de servir de variable d’ajustement au profit d’autres ministères[9], les effectifs ont été divisés par 2,5 entre 1991 et aujourd’hui[10], les matériels et les équipements n’ont pas été suffisamment renouvelés[11], l’industrie de l’armement s’est affaiblie et l’armée a été restructurée en fonction des opérations extérieures dans lesquelles elle était engagée, en considérant qu’il n’y avait plus de menace directe sur le territoire national. L’armée française est devenue une armée de projection qui présente de nombreuses lacunes capacitaires[12] : transport aérien longue distance, drones, missiles antiradars, armes antisatellites, hélicoptères de manœuvre et d’assaut lourds, moyens d’information et de renseignement.

Sa principale force réside dans la grande qualité des hommes qui y servent. L’armée française n’a jamais transigé dans le recrutement, la sélection et la formation de ses cadres. Saint-Cyr Coëtquidan et Saint-Maixent, pour les officiers et sous-officiers de l’armée de terre, Brest et Salon-de-Provence pour la Marine nationale et l’armée de l’air sont de remarquables creusets de formation. Les écoles d’application des armes, l’école d’état-major, l’école de guerre, l’IHEDN[13] permettent aux cadres de se perfectionner tout au long de leur carrière pour assumer leurs responsabilités de commandement. L’enseignement dispensé est constamment actualisé pour tenir compte de la réalité des engagements. Ce système est le grand point fort de l’armée française qui dispose d’un encadrement qui n’a pas d’équivalent en Europe.

La France est, peut-être, le seul pays européen au sein duquel la carrière militaire attire encore une certaine élite. La vocation militaire se transmet au sein des familles mais attire aussi des jeunes Français, issus de milieux civils, qui voient dans le métier des armes de quoi donner un sens à leur vie. Le recrutement des militaires du rang est plus aléatoire. Le nombre de volontaires est notoirement insuffisant pour mettre en œuvre une sélection crédible[14] et la fidélisation des engagés volontaires constitue un véritable défi. Bien commandés, ce sont néanmoins, des soldats professionnels qui garantissent l’efficacité opérationnelle de nos unités.

L’armée française demeure une institution saine animée par le sens du service et la défense du bien commun. Elle cultive les vertus de courage, de discipline, de sacrifice et d’honneur. En dépit de ses lacunes et des contraintes qu’elle subit, l’armée française est un outil performant. Il reste, certes, beaucoup à faire pour renforcer ses capacités et davantage encore pour l’employer dans un cadre européen libéré des dépendances capacitaires et opérationnelles du « parrain » américain. La France jouait un rôle historique dans ce domaine. Elle ne l’assume plus ou de façon trop timide aujourd’hui.

Savons-nous ce que nous défendons ?

Le réarmement nécessaire n’est pas seulement économique et militaire, il est aussi et surtout politique et moral. Notre armée n’a d’efficacité que si elle est au service d’une nation sûre d’elle-même, consciente de son héritage et désireuse de le faire vivre et prospérer. Tout dans la triste réalité de notre temps s’y oppose et rend cet objectif irréalisable. Il y a, bien sûr, la présence massive sur notre territoire d’une population étrangère à notre histoire et hostile à notre civilisation. Elle porte en elle la haine de la France. Beaucoup plus grave encore, la population française a été coupée de ses racines chrétiennes. La famille est détruite. L’école et le pouvoir donnent à ces Français manipulés toutes les raisons de haïr leur passé. Comment pourraient-ils défendre ce que l’on ne leur a pas appris à aimer ? « D’urgence, il n’y en a qu’une disait Simone Weil dans les années 1930, donner quelque chose à aimer aux Français et d’abord leur donner à aimer la France. » Est-ce possible aujourd’hui ? On peut en douter. Alors de qui viendra le salut ? De nous-même, à condition que nous accomplissions joyeusement, là où la Providence nous a placés, notre devoir de Français et de Chrétien à contre-courant de ce qui entraîne notre pays vers l’abime. Il ne nous appartient pas de savoir si cela sera suffisant. Nous n’avons pas d’autres choix. Ne sombrons pas dans le désespoir qui est le pire des péchés et terminons par un trait d’humour et d’insolence bien français en laissant la parole à l’écrivain nantais Stéphane Hoffmann : « En France, les élites (politiques) sont mauvaises, mais le peuple tient bon. Elles sont mauvaises depuis Azincourt, en 1415, et même Crécy, quatre-vingts ans plus tôt. Elles n’ont pas changé depuis : les mêmes défauts. La France pourrit par la tête, mais elle marche droit grâce au peuple. Les vieilles solidarités familiales, religieuses, géographiques résistent à ce que vous appelez la noblesse d’État. Laquelle noblesse ne pense qu’à elle. » Dans la minorité que nous formons, subsiste le peuple de France, un peuple réduit à sa plus simple expression, mais un peuple quand même. Une petite flamme qui permettra, si Dieu le veut, d’enflammer à nouveau le brasier de la grandeur française.                 


[1] Principes de la guerre : formalisés par le maréchal Foch, ils fondent la réussite de toute opération militaire. Par définition, ils doivent être peu nombreux. « A la guerre, il y a des principes mais il y en a peu » Maréchal Bugeaud

[2] Liberté d’action : Possibilité pour un chef de mettre en œuvre, à tout moment, ses moyens, en vue d’atteindre le but assigné, malgré l’ennemi et les contraintes imposés par le milieu et les circonstances. La liberté d’action n’est jamais absolue, elle est relative. 

[3] Économie des moyens : Répartition et application judicieuse des moyens d’actions en vue d’en obtenir le meilleur rendement pour atteindre le but assigné.

[4] Concentration des efforts : Convergence des actions et des effets des différentes fonctions opérationnelles en vue de réaliser la supériorité sur l’adversaire, en un lieu et à un moment, considérés comme essentiel pour vaincre.

[5] Tactique :  Art de combiner les moyens militaires, dans une mise en œuvre circonstanciée et locale des plans de la stratégie. Il s’agit de l’art de disposer et de faire manœuvrer les troupes sur le terrain.

[6] Fontenoy (11 mai 1745) : bataille s’inscrivant dans le cadre de la guerre de succession d’Autriche. Elle oppose les troupes du roi de France commandées par Maurice de Saxe à une coalition formée des Provinces-Unies, de l’Autriche, de la Grande Bretagne et de l’Électorat de Brunswick-Lunebourg (Hanovre). La victoire française est un chef d’œuvre tactique.

[7] Beslan : ville d’Ossétie-du-Nord-Alanie, dans la fédération de Russie

[8] CEMA : chef d’état-major des armées.

[9] Moins 20% entre 2000 et 2015

[10] 453.000 soldats d’active et 420.000 réservistes en 1991 ; 203.000 soldats d’active et 41.000 réservistes en 2022

[11] 1350 chars et 686 avions de combat en 1991 ; 222 chars et 254 avions de combat en 2022. 37 bâtiments de surface pour la Marine nationale contre 19 aujourd’hui.

[12] Le Point du 24 mars 2022 consacre un excellent dossier à l’état de notre armée.

[13] Institut des Hautes Études de la Défense Nationale

[14] L’armée française doit trouver chaque année 22.000 engagés volontaires. Le taux de sélection est de 1,2 candidat pour un poste ce qui n’est pas satisfaisant.

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10 réponses

  1. Merci général pour cette analyse équilibrée, prudente, mesurée, intelligente et objective. Cela nous change des fanfaronnades poutinolâtres et russolâtres qui abondent dans notre « milieu » ; confère X. Moreau, A de Lacoste & consorts…

  2. En ces temps où les partis-pris font facilement oublier que l’impératif premier de tout catholique est la recherche de la vérité, y compris dans les contingences du monde, l’article de Marc Paitier doit être médité. Le ton, la mesure et la mise en perspective sont de nature à éclairer notre réflexion tant sur les opérations militaires elles mêmes et leur contexte que sur les permanences de l’histoire…. Il est devenu commun de parler du retour du tragique de celle-ci ; cette réalité vient nous frapper de plein fouet et va nous obliger à sonder la valeur et les fondements de beaucoup de nos certitudes dont celles de nature géo-politiques… Merci beaucoup, donc, à Marc Paitier, pour un propos qui, in fine, est un appel à mobiliser les intelligences et à cultiver le courage intellectuel….

  3. Merci pour cette analyse qui est étayée et plutôt équilibrée, même si elle oublie de citer quelques responsabilités de l’OTAN et de l’armée Ukrainienne depuis 2014 (ainsi que de la France qui était garante des accords de Minsk), mais ce n’est peut-être pas l’objet de l’article.

    Certains détails me surprennent un peu, notamment ce passage que j’ai du mal à comprendre : « A l’heure où ces lignes sont écrites, la totalité des forces russes déployées sur le théâtre ukrainien est engagée. Ces forces représentent 75% des forces de combat disponibles dans l’armée russe. »

    Il me semble que les russes ont déployé entre 150.000 et 200.000 hommes en Ukraine, sur une armée de 800.000 hommes. Serait-ce à dire que seulement 200 à 260.000 hommes sont disponibles ?

    Yves Delerm

    1. Cher Monsieur,
      Je réponds à vos deux remarques. Dans un premier article paru sur le site de Renaissance catholique paru dans les jours qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine, j’avais insisté sur la lourde responsabilité de l’Otan (donc des Américains), des Européens et du président Zelinski dans la situation actuelle. Je n’y suis pas revenu car mon article ne traite pas des responsabilités dans cette guerre. Il ne juge que l’aspect militaire. Dans ce texte, je ne prends pas parti pour un camp ou un autre. Ce n’est pas mon propos.

      Sur la question des effectifs, votre remarque est parfaitement fondée. Je ne suis pas assez clair. Quand je parle de 75% des forces engagées, il s’agit de celles qui étaient initialement déployées dans l’ouest de la Russie avant l’invasion (mon texte laisse penser qu’il s’agit de 75% du total de l’armée russe) Cela dit, toutes ces unités sont les plus opérationnelles de l’armée russe. Les autres n’ont pas la même capacité opérationnelles et ne peuvent pas être engagées si loin de leur base. Sur un effectif de 850 000, il faudrait évaluer combien sont réellement engageables, très peu sans doute (il faut retirer les effectifs de l’administration militaire, des écoles, etc.). La remarque sur le manque de forces de réserve reste valable. Nous allons voir dans les prochains jours que les Russes vont devoir prendre du temps (8 à 10 jours peut être) pour reconstituer leurs forces, réorganiser les unités avant de s’engager dans la bataille pour le Donbass. Ce ne serait pas le cas si l’armée disposait de forces fraiches en réserve prêtent à s’engager.
      Merci pour votre message
      Très cordialement
      Marc Paitier

    1. La réponse de Buguet l’est tout autant, si ce n’est plus.
      Pour ma part c’est la meilleure analyse lue depuis longtemps.

  4. Aucun mot pour les civils torturés, violés depuis 8 ans dans le Donbass par l’armée ukrainienne et les milices nazis
    Aucun mot sur les milices Azov qui arborent la croix gamée.
    Aucun mots sur les laboratoires expérimentaux disséminés en Ukraine
    Aucun mot de l’offensive que préparait l’armée ukrainienne sur les régions russophones pour le mois de mars (en utilisant sans doute des armes chimiques).
    Aucun mot sur le fait que l’armée russe a voulu mettre en place des corridors pour évacuer la population mais que les milices ukrainienne empêchaient les gens de partir ou pire leur tiraient dessus.
    Aucun mot sur le fait que les milices retiennent la population dans des lieux stratégiques pour servir de bouclier humain.
    L’armée russe fait son possible pour éviter les pertes civiles mais en face ils n’ont ni foi ni loi.

    Merci à Poutine d’être intervenu pour éviter une catastrophe !

  5. Merci Mon Général pour votre analyse, surtout pour ce qui concerne la deuxième partie de votre propos à savoir si nous aussi serions prêts?

    En revanche sur la première partie , je pense que vous raisonnez avec un esprit d’occidental, et que loin de vouloir occuper toute l’Ukraine la Russie mène une opération militaire spéciale que nous ne savons pas faire et n’avons jamais pratiquée; En effet la Russie est en infériorité numérique en Ukraine par rapport à l’armée Ukrainienne et aux Ukronazis . Un contre un, n’est pas la bonne tactique pour « occuper » un pays. la stratégie et le but de l’opération sont donc ailleurs.
    Il faut donc ne pas croire ce que l’on souhaite mais écouter ce que dit le Président Poutine : démilitariser l’Ukraine ( objectif pratiquement atteint et aviation détruite) , protéger les républiques du Dombas -(l’ encerclement de l’armée Ukrainienne est encours – celle là même qui s’apprêtait à une offensive très violente contre ces républiques, d’où la précipitation de l’opération)-, dénazifier ce pays et ce n’est pas une vue de l’esprit de Poutine lorsqu’il dit cela; et assurer la sécurité de son propre pays qui se sent à juste titre menacé par l’OTAN qui n’a eu de cesse de mettre l’huile sur le feu. (il suffit d’écouter les « vatenguerre » Polonais pour comprendre).

    Enfin, là ou vous avez raison, est que ce conflit se terminera nécessairement par des négociations, qui rappelons le, furent réclamées par le Clown Zelinski dés le TROISIÈME JOUR de l’opération, signifiant ainsi qu’il savait son combat perdu.

    Il ne reste comme objectif principal que la libération totale du Dombas qui va donner lieu à la « mère » des batailles » contre une armée Ukrainienne bien enterrée à l’Est mais bientôt encerclée et sans ravitaillement.

    Bref, cette opération n’est pas terminée et qui peut dire qu’untel ou untel va gagner ? La Russie a plus d’atout, mais rien n’est joué. Il est de tradition en France de savoir qui va gagner à l’avance  » parce que nous sommes les plus forts »…. Et nous ne manquons pas de Gamelin sur les plateaux TV pour nous raconter leurs calembredaines .

    Je ne saurai trop vous inviter à écouter et lire Xavier Moreau via son site STRATPOL, et d’installer un VPN sur votre PC qui vous permettra de « capter » Russian TV France, sinon par un canal sur télégram et surtout, et surtout, débranchez vous de BFM, Cnews et autre LCI.

    En tous les cas merci pour votre article, même si, vous le constatez, je ne pense pas comme vous, et permettez moi de vous présenter mes devoirs.

    Eric de Linares

    1. Cher Monsieur et ami,

      Merci pour votre réaction. Je comprends parfaitement votre analyse que je ne suis pas loin de partager. La responsabilité des Occidentaux dans la situation actuelle est lourde et je ne confonds pas le peuple ukrainien et ses dirigeants pour lesquels je n’ai aucune estime. Sur les buts de guerre de la Russie, il faudra à mon avis attendre que tout cela se décante. On peut toujours après coup masquer un échec (relatif) en mettant en avant des objectifs moins ambitieux. Certaines déclarations de Poutine allaient dans le sens d’une destruction de l’armée ukrainienne et on peut considérer que la Russie a sous estimé son adversaire sans que cela fasse de vous un suppôt de Zelenski et de Biden. Sur les modes d’action de l’armée russe et son manque de souplesse, je m’appuie sur ma petite connaissance de l’armée russe qu’il ne faut pas considérer comme particulièrement souple et manoeuvrière. Merci du conseil mais je n’écoute guère Cnews, BFM et LCI et quand il m’arrive de le faire, je les écoute avec mon esprit critique tout comme les auteurs que vous préconisez et Russian TV qui ne sont pas non plus la voix de « la vérité vraie ». J’essaye de réfléchir par moi-même sachant que je peux me tromper. Je faisais partie de ceux qui défendait le point de vue selon lequel Poutine n’envahirait jamais l’Ukraine…
      Marc Paitier

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