Poutine : préserver l’âme russe jusqu’à la folie.

L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe a surpris de nombreux observateurs qui excluaient un tel scénario faisant ressurgir le spectre de la guerre en Europe. Depuis, la plupart des media et des politiques, versent dans une grossière propagande anti-russe et ne veulent voir dans cet événement que la paranoïa d’un dictateur sanguinaire. Sans minimiser la responsabilité de Moscou dans cette crise très grave, ni l’erreur magistrale d’appréciation du président Poutine, des analystes plus sérieux mettent aussi en cause la politique inconséquente des Américains et des Européens qui n’ont pas tenu la promesse qu’ils avaient faite, après la chute du mur de Berlin, de ne pas étendre l’OTAN au-delà des frontières de l’Allemagne réunifiée. Le déploiement de forces otaniennes sur le territoire des ex-républiques du Pacte de Varsovie est perçu par le Kremlin comme une provocation et une menace. En refusant tout dialogue constructif sur la sécurité en Europe et en ignorant les légitimes préoccupations de la Russie dans ce domaine, les Occidentaux ont donné l’impression de considérer ce grand pays comme un ennemi. Vladimir Poutine en a éprouvé un profond ressentiment qui n’a cessé de croître avec les années et s’est exacerbé avec la guerre menée par l’OTAN contre la province serbe du Kosovo. Dans ce contexte, la volonté d’adhésion à l’OTAN et à l’Union Européenne, affichée par le président ukrainien Zelinsky contribue à envenimer la situation. Tout cela a été parfaitement analysé par certains esprits libres qui ne se laissent pas influencer par l’émotion et qui conduisent leur réflexion en tenant compte de l’histoire.           

Un conflit de civilisation

Au-delà des considérations purement militaires et territoriales qui prévalent, il y a un aspect du conflit, le plus souvent occulté, qui est sa dimension civilisationnelle. Le président russe méprise profondément l’Occident qu’il considère comme décadent. Il défend l’identité de la Russie forgée par l’orthodoxie en opposition totale aux « valeurs » occidentales, matérialistes et individualistes. Il reprend à son compte les reproches que Soljenitsyne adressait en 1978 à l’Occident devant les étudiants de Harvard : « Non, je ne peux pas recommander votre société comme idéal pour la transformation de la nôtre. (…) Nous avions placé trop d’espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu’on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. (…) Comment l’Ouest a-t-il pu décliner, de son pas triomphal à sa débilité présente ? » Vladimir Poutine est véritablement obsédé par la question culturelle. Dans la nouvelle constitution promulguée le 1er juillet 2020 dont on n’a retenu que la possibilité donnée au président de se maintenir au pouvoir, figure, en bonne place, la défense des valeurs traditionnelles de la société russe dont celles de la famille et du patriotisme considérées comme les ciments de la cohésion nationale. Poutine s’appuie aussi sur l’église orthodoxe qu’il n’hésite pas à instrumentaliser pour défendre sa politique.  L’institution du mariage est clairement définie comme l’union d’un homme et d’une femme et toute propagande en faveur de l’homosexualité est interdite. Le président russe est préoccupé par le déclin démographique de son pays. « La démographie, dit-il, est une question vitale (…) Soit nous continuerons à exister, soit nous disparaîtrons ». C’est la raison pour laquelle, il a mis en place une politique nataliste très volontariste en allouant une prime de 7.500 euros au deuxième enfant et en interdisant toute publicité sur l’avortement.

Ce retour aux valeurs traditionnelles de la Russie constitue la principale raison de la russophobie de l’Occident. L’opinion publique russe semble, en revanche, approuver largement le président Poutine dans sa défense de l’âme russe et son rejet du modèle occidental. La nouvelle constitution a été approuvée à près de 80% mais elle constituait un véritable fourre-tout qu’il fallait accepter ou rejeter en bloc. Il faut donc relativiser ce résultat flatteur qui cache une réalité plus complexe et plus fragile. Poutine ne l’ignore pas. Il existe en Russie de nombreux foyers de contestation. La revue « Diplomatie » dans le numéro de juillet-août 2020 consacré à la Russie rapporte un certain nombre de faits qui vont dans ce sens. Ainsi par exemple, en 2019, 7000 manifestants se sont opposés à Ekaterinbourg, la quatrième ville de Russie, à la construction d’une cathédrale dans le parc de la ville. Un politologue local observe que : « Cette contestation est révélatrice d’une fracture. D’un côté, le pouvoir ne comprend pas que les protestataires agissent de leur plein gré et s’organisent sur Internet. De l’autre, la société estime que, faute de processus démocratique, son seul moyen d’influer est la protestation. » Le pouvoir est très attentif aux mouvements contestataires qui touchent plus particulièrement la jeunesse puisant ses informations sur les réseaux sociaux et non plus en regardant et écoutant la télévision officielle.                                                                    

Le mystère Poutine

On comprend alors le danger que représente un rapprochement entre l’Ukraine et l’Europe. Les Ukrainiens qui peuplent la partie occidentale du pays rêvent d’intégrer l’Union européenne et d’en adopter les mœurs. Si ce pays qui fait la démonstration de son courage et de son esprit de résistance reste majoritairement conservateur, il n’en demeure pas moins qu’il est particulièrement vulnérable aux discours et aux évolutions « progressistes » que le président Poutine combat de toutes ses forces. Ce n’est pas un hasard si le mouvement extrémiste des « femen » est né en Ukraine. Poutine et le modèle russe constituent pour ce groupe de féministes hystériques le repoussoir absolu qui exalte les valeurs viriles et patriarcales. L’idéologie LGBT gagne du terrain, encouragée par des donateurs étrangers. En 2019, 8000 personnes ont participé à Kiev à une « gay pride » autorisée par le gouvernement malgré l’opposition des églises orthodoxe et gréco-catholique. En 2021, d’autres manifestations de ce genre ont eu lieu dans d’autres villes du pays dont Kharkov et Odessa. Lors du concours de l’Eurovision, l’Ukraine s’est signalée par la célébration de la « diversité ». Sous la pression de l’Union européenne, un amendement a été voté au parlement en faveur des homosexuels et contre leur discrimination au travail. L’Ukraine est aussi le pays le plus laxiste au monde en matière de tourisme médical et constitue un véritable eldorado pour les couples en mal d’enfants. La GPA y représente un véritable « business ». En Russie la GPA est autorisée dans une optique nataliste et interdite aux couples homosexuels. Enfin les révolutions « Orange » en 2004 et du « Maïdan » en 2014 ont démontré, par ailleurs, que les États-Unis, l’Union Européenne et un certain nombre d’organisations internationales œuvraient en Ukraine pour y limiter l’influence russe.

L’agression de l’Ukraine est moralement condamnable et fait de la Russie un paria sur la scène internationale. La personnalité du président Poutine est déroutante. Elle ne s’accorde guère avec les critères de respectabilité qui sont les nôtres. C’est un personnage complexe qu’il ne faut pas réduire à ses origines d’agent du KGB.  Anatoly Sobtchak, l’ancien maire de Saint Pétersbourg qui a découvert Poutine disait de lui : « Il n’est pas l’archétype du tchékiste, c’est un personnage à part, rien à voir avec la caricature de l’espion du KGB. » L’ancien diplomate russe et écrivain, Vladimir Fédorovski, parle des « cinq masques de Poutine ». Celui du monstre froid qui nous terrorise en brandissant la menace nucléaire en est un.  La question est de savoir qui se cache derrière ces masques. Certainement un homme qui est persuadé d’être l’instrument de la Providence pour rendre sa grandeur à la Russie. Il assume sans état d’âme, le passé soviétique et celui de l’empire. Il s’imagine volontiers comme un nouveau tsar, un tsar fort et solitaire devant lequel tous s’inclinent. C’est aussi un slave oriental, c’est-à-dire, pour nous, un mystère. L’Union européenne aurait cependant tout intérêt à ne pas rompre le contact avec lui et à prendre ses distances avec la ligne américaine qui jette la Russie dans les bras de la Chine au moment où nous sommes confrontés à des dangers mortels dont l’alliance russe pourrait nous délivrer. Il est à craindre que les événements récents et la dramatique escalade qui pourrait en résulter rendent ce rapprochement irréalisable pour très longtemps. L’histoire est pourtant là pour nous rappeler que la Russie fait partie de l’Europe. N’avons-nous rien retenu d’elle ?                                                            

Gal (2S) Marc Paitier

En lien avec le sujet

Partagez cet article pour faire connaître Renaissance catholique

Cet article vous plaît ?

Abonnez-vous dès maintenant à notre lettre d’information et recevez en priorité nos derniers articles, ainsi que des promotions sur notre boutique et des invitations à des évènements. 

papier, numérique,
ou les deux ?

Découvrez dès maintenant nos différentes formules d’abonnement. 

Nos articles les plus lus

Soutenir Renaissance Catholique

26 réponses

  1. Etonné de voir la naïveté des commentateurs !1) Le pays Ukraine est une création de Lénine, augmentée de la Crimée par Khrouchtchev. Avant il s’agissait d’une région majoritairement Russe dans sa partie orientale, Polonaise dans sa partie Nord-Ouest et Hongroise dans sa parties Sud-Ouest.La »Russ » est née à Kiev. 2) Les US ont pris à la fin du XIX ème siècle la suite de L’Angleterre pour s’assurer la domination du monde à commencer par la domination de l’Europe continentale. Pour ce faire tous les coups politiques ont été utilisés pour affaiblir leurs concurrents potentiels : Lors de la première guerre mondiale les US sont entré en guerre tardivement en 1917, la révolution soviétique a été soutenue par les US. L’URSS a jusqu’au bout bénéficié dans ses relations commerciales avec les US de la clause de la nation la plus favorisée, son régime la maintenant en état d’infériorité économique. En novembre 1943, bien avant la fin de la seconde guerre mondiale , c’est à Téhéran que Roosevelt , Churchill et Staline se sont partagé le monde, attribuant la moitié Est de l’Europe aux communistes ce qui assurait l’infériorité économique de cette partie du monde. Lors de la seconde guerre mondiale les US ne sont intervenus que lorsque la France était à genoux. Concernant la Résistance française les US préféraient Giraud à De Gaulle. En 1949 Tchang Kaï Tchek n’a pas été soutenu par les US qui avaient tout intérêt à voir tomber la Chine sous le régime communiste et son indigence économique. Les US ont stoppé en 1953 une intervention Franco-Anglo-Israélienne contre l’Egypte de Nasser. En 1956 les US n’ont pas bougé lors de l’insurrection Hongroise, pas plus en 1968 en Tchécoslovaquie. En Indochine et en Algérie les US ont oeuvré en sous-main contre la France. En 1979 le US ont viré le Shah au profit de Khomeiny qui attendait son heure bien tranquillement en France, ce qui a bloqué la modernisation d’une puissance pétrolière potentiellement concurrente des US, et a inauguré l’instrumentalisation de l’Islam pour déséquilibrer les concurrents des US. Les printemps arabes de même ne se sont pas succédé sans l’intervention des US. Poutine a bloqué leur machiavélisme en Syrie. Plus récemment comme l’ont déclaré Merkel et Hollande les accords de Minsk n’avaient été signés que pour permettre d’armer l’Ukraine. Et la guerre menée par l’Otan au détriment des milliers de jeunes ukrainiens qui meurent inutilement a pour but de détruire l’économie européenne, ce qui est déjà fait. Je ne parlerai pas des faux prétextes pour détruire l’Irak etc…Les français n’ont pas encore compris.

  2. Préserver l’âme russe jusqu’à la folie? L’âme russe, si je ne m’abuse, c’est en Russie. Or l’Ukraine n’est pas la Russie: on peut épiloguer longuement sur les liens historiques qui unissent ces deux pays, il reste que ce sont deux États distincts en droit international. Vladimir Poutine peut donc « préserver l’âme russe » tant qu’il veut sur le territoire de la Fédération de Russie mais il n’a rien à dire sur la politique menée par le gouvernement ukrainien sur le territoire de l’Ukraine et il n’a aucun droit à l’envahir pour y « préserver l’âme russe ». Je pense que c’est assez clair, général, non?

    1. vous réécrivez l’histoire comme ça vous chante… l’ukraine est aussi appelée « le berceau de la civilisation slave orientale »..
      Votre ressentiment vous aveugle !

    2. chère Pauline, mon mari, russe, a eu une grandmère Ukrainien…toutes les régions autour du Donetsk sont peuplés de ceux qui parlent russe et tiennent à leur langue et leur culture…Ce Mr Zelensky, mis en place par les US, malmenait cette population d’une manière tyrannique…la réalité est bien plus complexe que nous ne voudriez admettre, et ce conflit, bien plus ancien. Lorsque l’Amérique s’en prend, l’amèrtume s’y attend.

  3. Le général Paitier prétend qu’il serait simpliste de résumer Vladimir Poutine à un kagébiste. Ah bon? Pour ma part, je me méfie des propos d’un militaire qui montre de la sympathie pour une puissance qui nous menace de frappes nucléaires (bonjour le patriotisme, mon général!) et je préfère m’en tenir à l’analyse de Stéphane Courtois, auteur du Liver Noir du Communisme et pourfendeur sans concessions de cette idéologie criminelle. Regardez un peu ses interventions sur les plateaux de télévision ces derniers mois au sujet de l’agression de Poutine en Ukraine: Courtois démontre, avec les qualifications qu’on lui connaît, combien Poutine a été nourri au biberon par le culte de la violence et a dans les veines les méthodes soviétiques, avec en prime une admiration d’une indécence totale pour l’Union Soviétique et ses crimes contre l’humanité. Général Paitier, Renaissance Cathoique: la lutte contre le communisme, Stéphane Courtois et son Livre Noir, ça vous dit quelque chose, mon général, ou bien avez-vous retourné votre veste?

  4. Ne vous semble-t-il pas possible que ce qui se joue c’est la part du gâteau dans la gouvernance mondiale, un bras de fer ? N’est-il pas étrange qu’en surface il se fasse une guerre et qu’en sous terre, ou en sous mer, ou en sous mains, on s’échange de l’énergie et des dollars entre les belligérants ?
    La France livre des armes et n’est pas officiellement en guerre? Cette crise au passage justifie l’apauvrissement de notre population par la montée des prix tous azimuts (nous avons tous déjà perdu 30 à 50% de nos économies : ex les pellets sont passés de 500€ à 1000€ la palette etc.)

    1. Ne vous déplaise, la France a l’obligation de défendre l’Ukraine et de l’aider à regagner le contrôle de ses territoires souverains, puisqu’elle est signataire du Mémorandum de Budapest.

      1. Bonjour
        Pardon, mais je trouve comme signataires du mémorandum de Budapest la Russie, les États Unis, le RU, le Kazakhstan, la Biélorussie, mais nullement la France…

        1. Alors, vous cherchez mal. Il n’est pourtant pas compliqué de trouver la liste des signataires.

        2. Après quelques recherches, j’ai trouvé la référence: le même 5 décembre 1994, la France a signé une déclaration séparée, dont voici le passage principal: « La France, en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité, affirme son intention d’obtenir que le Conseil prenne des mesures immédiates en vue de fournir, conformément à la Charte, l’assistance néssaire à l’Ukraine en tant qu’Etat non possesseur d’armes nucléaires partie au TNP, au cas où celle-ci serait victime d’un acte d’agression ». La France a donc bien pris un engagement vis-à-vis de l’Ukraine ce jour-là et n’a pas, juridiquement, le droit de rester neutre, les bras croisés.

          1. si vous cherchez bien vous trouverez peut être les accords de Minsk de 1991 dans lesquels, la russie, la biélorussie et l’Ukraine se promettent assistance… que les britanniques cessent de vouloir envahir le monde en se servant de ses pseudos alliés français pour ne pas dire « larbinos »…

  5. « les Ukrainiens qui peuplent la partie occidentale du pays rêvent d’intégrer l’Union Européenne et d’en adopter les mœurs »… « Ce n’est pas un hasard si le mouvement extrémistes des » femen » est né en Ukraine »…
    Général, voici deux citations de votre article qui relèvent, hélas d’un certain « simplisme » voire de la caricature.
    – Les Ukrainiens (pas seulement à l’Ouest du pays) qui souhaitent que leur état intègre l’Union Européenne (l’Ukraine étant une nation et un pays européens) le désirent pour des motifs essentiellement économiques et géopolitiques (et accessoirement sociaux et sécuritaires) mais certainement pas pour « en adopter les mœurs » ; vous-même vous contredisez en ajoutant aussitôt qu’ils demeurent malgré-tout « conservateurs ».
    De fait, un sondage réalisé il y a un an ou deux indiquait que les Ukrainiens, au même titre que Russes, Géorgien, ou Arméniens, étaient très majoritairement hostiles à la légalisation des unions contre-nature.
    – Le micro-groupuscule des « femen » (une dizaine de membres, loin d’un « mouvement » !) est surtout né à l’initiative d’un certain Georges Soros, citoyen américain d’origine judéo-hongroise, qui avait déjà « tenté le coup » en Russie avec les « pussy-ryots ». Signalons au passage que les « femen » ont été condamné en Ukraine pour avoir scié la croix d’un calvaire érigé à la mémoire des victimes de l’Holodomor (génocide par famine des paysans ukrainiens planifié par Staline dans les années 1930).
    – Signalons encore que la première « gay pride » autorisée en Ukraine eu lieu sous la présidence de Victor Yanoukovitch, réputé être pro-russe et renversé par la révolution de Maïdan. Depuis, les seuls à s’opposer physiquement et frontalement sur place furent des membres d’organisations nationalistes ukrainiennes taxées de « nazisme » par le Kremlin.
    – Pour terminer enfin, le problème n’est pas tant l’hégémonisme américain que l’impérialisme irrédentiste russe et la velléité des Européens, hésitants entre une complaisance intéressée économiquement envers la Russie et un certain suivisme vis-à-vis des Etats-Unis, faute d’Idée directrice et de projet.

  6. Poutine serait désireux de « préserver l’âme russe jusqu’à la folie »? Mieux vaut lire ça qu’être aveugle! À ce compte-là, on pourrait dire qu’Adolf Hitler a voulu « préserver l’âme allemande jusqu’à la folie » ou Mao Tse Toung « préserver l’âme chinoise jusqu’à la folie ». Jusqu’où n’irait-on pas pour justifier l’injustifiable? Franchement, dans le genre euphémistique, difficile de faire plus indécent que le titre de cet article. C’est vraiment choquant!

    1. Cher commentateur, permettez-moi de souligner que définir une attitude ne signifie pas justifier cette attitude, ni les moyens utilisés, Il conviendrait de lire l’intégralité de l’article, qui, en outre, n’est qu’uns synthèse.

  7. Roland Dumas ministre français des affaires étrangères de 1988 à 1993 affirme aujourd’hui de façon très précise et convaincante que dans les entretiens qui ont suivi la chute du mur et la réunification de l’Allemagne, l’engagement a bien été pris de ne pas déployer de forces de l’OTAN au delà de l’Allemagne réunifiée. Cet engagement n’a pas fait l’objet d’une acte écrit officiel mais il n’en demeure pas moins réel. Tout cela est d’ailleurs logique car l’URSS qui venait d’accepter ce qui paraissait impensable devait au moins assurer sa sécurité.

    Extrait de der Spiegel du 22 novembre 2009:

    Genscher s’est entretenu avec Chevardnadze le 10 février 1990 entre 16 heures et 18 h 30, et la note allemande, tenue secrète jusqu’à récemment,
    déclare:
    » BM (ministre fédéral) : Nous sommes conscients que l’adhésion d’une Allemagne unie à l’OTAN soulève des questions compliquées. Mais une
    chose est certaine pour nous : 1’OTAN ne s’étendra pas vers l’Est. » Et comme la conversation portait essentiellement sur la RDA, Genscher a
    expressément ajouté : « En ce qui concerne la non-expansion de l’OTAN, cela vaut de manière générale.’

    1. Un engagement oral ne vaut rien. L’URSS de Gorbatchov et la Russie de Yeltsine le savaient parfaitement: « verba volant, scripta manent ». Si Moscou, avant ou après 1991, voulait un engagement, il fallait faire signer un traiter. Au minimum un écrit. C’est élémentaire pour n’importe quel diplomate, n’importe quel militaire, n’importe quel décideur! Franchement, ces prétentions du Kremlin sont risibles!

      1. Vous reproduisez mot pour mot ce qu’a écrit le général Paitier, alors que je viens de le réfuter. Pas futé…

        Il est tout à fait incorrect de prétendre que « cet engagement [de 1990] n’a pas fait l’objet d’une acte écrit officiel mais il n’en demeure pas moins réel ». Au contraire, n’importe quel juriste, dans n’importe tel domaine du droit, sait que les engagements oraux sont a priori beaucoup moins solides que les engagements écrits. Ne serait-ce, en l’occurrence, que parce que l' »engagement » dont il est question a été enterré pendant plus de 20 ans dans les archives du ministère allemand des affaires étrangères, sans être jamais publié ni par l’URSS (ou la Russie), ni par l’Allemagne. Pour cette raison, il n’est même pas certain que les successeurs de Hans-Dietrich Genscher en aient eu connaissance. Si vous aviez été ministre allemand des affaires étrangères sous Schröder, par exemple, comment aurait-on pu exiger de vous le respect d’un simple engagement oral de Genscher en 1990, dont vous n’aviez sans doute même pas connaissance parce qu’il en était resté à l’état d’un memorandum interne au ministère, remisé aux archives? Tout cela n’est pas sérieux et ni le général Paitier ni Renaissance Catholique n’est visiblement qualifié en droit.

        Par-dessus le marché, comment les seuls Allemands auraient-ils pu prendre un engagement qui eût lié l’OTAN tout entière? Là, il y a carrément défaut de compétence. On en dans la fantasmagorie. Imaginez-vous que Jean-Yves le Drian fasse à un pays tiers un promesse, orale par-dessus le marché, qui engage toute l’UE, par exemple? Il n’en a tout simplement pas le pouvoir.

        En un mot comme en cent, il n’y a eu aucun engagement valable de l’OTAN à ne pas s’élargir vers l’Est.

  8. L’agression de la Russie n’est pas moralement condamnable, ce qui est moralement condamnable c’est que l’OTAN et l’OSCE n’ont pas respecté leurs engagements, la France et l’Allemagne y ont d’ailleurs une grande part de responsablité. Poutine n’a pas fait d’erreur magistrale, au contraire, cette opération était envisagée puis préparée de longue date, au moins depuis que les occidentaux ont été informés de la ligne rouge à ne pas franchir. L’UE est d’ors et déjà la grande perdante à la fois sur le plan économique et sur le plan diplomatique puisqu’elle a abandonné sa place d’arbitre au profit de la Turquie en demeurant vassal des USA. Peut être que nos dirigeants avaient besoin de cette nouvelle crise pour justifier la déconfiture économique dans laquelle la France est déjà entrée bien avant la « crise » du Covid ? Si les médias s’y intéressent, notre nouveau président va peut être aussi devoir expliquer la présence de nos 50 militaires de la DGSE au côté du bataillon Asov, deux d’entre eux ont déjà payé de leur vie.

    1. « L’agression de la Russie n’est pas moralement condamnable ». Ah bon, on peut approuver une agression? C’est nouveau, ça! Vous devez être docteur en droit et en théologie morale, je pense…

    2. Expliquer la présence de 50 militaires français aux côtés du bataillon Azov? C’est très simple: en vertu du Mémorandum de Budapest (1994), mémorandum dont la France est un des signataires et aux termes duquel elle s’est portée garante du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Voilà l’explication. Ce n’est probablement pas celle que vous attendiez mais elle est largement suffisante.
      N.B.: juste pour votre information, un petit détail sans importance: la Russie est également signataire du Mémorandum de Budapest mais, là, c’est évidemment l’hôpital qui se moque de la charité.

    3. Expliquer la présence de 50 militaires français aux côtés du bataillon Azov? C’est très simple: en vertu du Mémorandum de Budapest (1994), mémorandum dont la France est un des signataires et aux termes duquel elle s’est portée garante du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Voilà l’explication. Ce n’est probablement pas celle que vous attendiez mais elle est largement suffisante. N.B.: juste pour votre information, un petit détail sans importance: la Russie est également signataire du Mémorandum de Budapest mais, là, c’est évidemment l’hôpital qui se moque de la charité.

      1. Pouvez vous me montrer le document stipulant la France comme signataire du mémorandum de Budapest svp ? Je ne le trouve nulle part…Voici ce que j’ai trouvé sur wikipédia (pardon pour la référence !) Concernant cet accord:
        Les mémorandums de Budapest sont trois documents signés en termes identiques le 5 décembre 1994, respectivement par la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine ainsi que par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie qui accordent des garanties d’intégrité territoriale et de sécurité à chacune de ces trois anciennes Républiques socialistes soviétiques (RSS) en échange de leur ratification du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP)[1]. En 2009, les États-Unis et la Russie confirment la validité de ces trois mémorandums[2].

      2. Outre le doute sur le fait que la France ait signé ce memo, Il me semblait que l’engagement d’un pays à en défendre un autre cela passait par un traité, engager le pays dans une guerre sur un memo est plutôt irresponsable
        Envoyer des militaires et des armes aurait, faute de traité, mérité un débat national
        Plus généralement, l’éclairage d’un historien fiable serait utile pour discuter à partir de faits avérés

        1. Beaucoup de confusions dans votre commentaire.
          – Tout d’abord, il ne s’agit pas d’un simple « mémo » mais d’un memorandum formel, c’est-à-dire d’un engagement, ici multilatéral, entre différentes parties. Ce qui est un simple « mémo », c’est justement la note interne au ministère des affaires étrangères par laquelle la RFA se serait engagée (au nom de l’OTAN, on croit rêver) à ne pas étendre l’alliance atlatique vers l’Est. Ce document dont excipe le général Paitier est, lui, bel et bien un simple mémo, une note, un document nullement contractuel. Le memorandum de Budapest, lui, n’est certes pas un traité mais est clairement un document contractuel.
          – « Engager le pays dans une guerre »: qui a parlé d’engager la France dans une guerre? Une assistance militaire en envoi d’armes, formation de personnel, partage de renseignements etc. peut suffire. La France ne s’est pas engagée à entrer en guerre aux côtés de l’Ukraine mais elle s’est bel et bien engagée à assister l’Ukraine de façon à lui permettre de conserver son intégrité territoriale. Cet engagement doit être honoré.
          – Un débat national? Pour vous, il faut un débat national pour savoir si la France doit respecter ses engagements? Honorer sa signature est donc sujet à débat et, au final, p’têt’ ben qu’oui pt’êt’ ben qu’non?…
          – Nul besoin d’historien ici, c’est un juriste dont il y a besoin. À ce sujet, je vous renvoie à l’adage « Pacta sunt servanda ».

  9. Il est parfaitement faux de prétendre qu’Américains et Européens n’auraient « pas tenu la promesse qu’ils avaient faite, après la chute du mur de Berlin, de ne pas étendre l’OTAN au-delà des frontières de l’Allemagne réunifiée ». Je me suis intéressée de près à cette question en détail et il s’avère que c’est une légende urbaine. Cette prétendue promesse n’a jamais existé.

    Fin janvier 1990, quand Hans Modrow, premier ministre de la RDA moribonde, vint en visite à Moscou, il persuada Gorbatchov d’imposer aux Occidentaux la ligne rouge qu’évoque le général Paitier mais le n°1 soviétique, notoirement inconstant, s’empressa de jeter cela aux oubliettes quand il reçut le chancelier Kohl à peine 10 jours plus tard. Kohl parvint à convaincre (probablement contre des promesses d’investissements) le maître du Kremlin d’abandonner cette exigence. Au bout du compte, ni l’Allemagne ni aucun autre pays occidental ne prit d’engagement de ne pas étendre l’OTAN vers l’Est. Le général Paitier le sait sans doute parfaitement, puisque, pas plus que le gourou Gazpoutine, il n’est capable de donner de référence précise d’un tel engagement (traité, memorandum, date de signature etc.). C’est pourquoi le général Paitier en est réduit à asséner son affirmation gratuite en caractères gras. C’est un peu navrant.

    Il reste à Renaissance Catholique à retirer cette affirmation fausse. La vérité a des droits, que n’a pas l’erreur. Veritas liberabit vos.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *