À propos de l’honneur et de l’éloquence – Coupe d’éloquence de la DRAC (2024)

« Nous ne partirons pas ! »

Titre choc de Mediapart ou Une de Libération en soutien à une déclaration de 343 imams étrangers, binationaux ou français de fraîche date affirmant leur volonté de rester sur notre territoire national malgré les OQTF prononcées à leur encontre ? Ni l’une ni l’autre.

La vigoureuse réponse du père Paul Doncœur, officier de la Légion d’Honneur, au nouveau Président du Conseil, Edouard Herriot qui, au lendemain de la victoire électorale du cartel des gauches en 1924, voulait réactiver les lois d’expulsion des religieux, votées en 1901 et 1905, simplement suspendues par décret en 1914 et non abrogées par la chambre, patriote, dite bleu-horizon, de 1919. Ainsi entre 1901 et 1905 de 30 000 à 60 000 religieux et religieuses avaient été expulsés de France. Religieux contemplatifs (voir l’expulsion de la Grande Chartreuse) mais aussi enseignants, enseignantes, hospitalières, etc. Malgré cela dès août 1914 près de 10 000 religieux étaient revenus servir sous les drapeaux d’une République qui les avaient rejetés. 1 571 périrent au feu. De même plus de 16 000 religieuses hospitalières revinrent en France et accompagnèrent les troupes sur le front et à l’arrière. Edouard Herriot, en bon sectaire anticlérical, émule du petit père Combes, souhaitait que tous ces religieux, souvent décorés au péril de leur vie, reprissent le chemin de l’exil, s’attirant cette réponse cinglante du père Doncœur : « Pour l’honneur de la France – entendez-vous ce mot comme je l’entends ? […] – nous ne partirons pas ! » Sous l’impulsion de Dom Moreau, moine de Ligugé, se mit sur pied une association de défense des religieux anciens combattants (DRAC – Droits du Religieux Ancien Combattant) qui mena campagne contre les projets de gouvernement et le fit renoncer. En 1926 était créée une coupe d’éloquence qui, le 17 mars 2024, sous les lambris dorés de la salle des fêtes de la mairie du XVIe arrondissement de Paris, rassemblait, pour sa 99e édition, les jeunes concurrents et concurrentes avec pour mission de commenter la déclaration du père Doncœur, et plus particulièrement le sens que pouvait avoir le mot hier chéri et aujourd’hui galvaudé : honneur.

Journée en dehors du temps rythmée par la récurrence de mots et concepts prétendument obsolètes : honneur, France, respect, courage, etc., mis en forme par les six candidats sélectionnés (trois garçons et trois filles) parmi trente postulants originels issus des lycées où se cultive encore l’excellence académique française : Saint-Pie X à Saint-Cloud (92), Saint-Dominique du Pecq (78), Saint-Louis de Gonzague (75), la maison d’éducation de la Légion d’Honneur (93), le Puy du Fou Académie (85), etc.

Rappelons que l’éloquence n’est pas une finalité en soi. Elle est au service d’une idée à transmettre ou d’un sentiment à partager. La forme est au service du fond, en particulier dans le cadre de ce concours d’éloquence de la DRAC placé sous le regard des religieux anciens combattants morts pour la France qui se réjouissent du haut du ciel que le flambeau ait été transmis. Il ne s’agit pas là, chacun l’aura compris, de célébrer uniquement la qualité du verbe, ce qui aurait conduit en d’autres temps à valoriser Mirabeau, Danton, Jaurès ou Doriot, prestigieux tribuns aux incontestables talents oratoires mais à la pensée bien éloignée des intuitions originelles du père Moreau et de ses confrères. Au-delà de l’expression de l’idée ce qui compte d’abord c’est que celle-ci soit juste. Pitoyable spectacle de prétendus orateurs qui croient compenser le néant de leur pensée et la vacuité de leurs réflexions par des techniques de bateleurs d’estrades !

Ce beau jour fut donc aussi une fête de la langue et de l’intelligence françaises. Une langue claire. Des tenues vestimentaires élégantes. Des convictions affichées. Du lyrisme et du panache. Des modèles sûrs : Arnaud Beltrame, Henri d’Anselme, Hélie Denoix de Saint Marc, Hans et Sophie Scholl, etc. Car il n’y a qu’un pas de l’honneur au héros tant l’honneur est une vertu qui transforme les hommes en héros. Des références éprouvées : Aristote, Cicéron, saint Thomas d’Aquin, Molière, etc. Un précieux capital accumulé de sagesse et d’expérience gravé en quelques apophtegmes mémorables.

Florilège de citations d’auteurs connus ou de candidats :

« À force d’accepter les honneurs, on finit par croire qu’on les mérite. » Gilbert Cesbron

Faire de l’honneur « un éperon pour la vertu, non un étrier pour l’orgueil. »

« L’honneur c’est la poésie du devoir. »

« Ne pas séparer l’honneur de la justice et de la vérité. »

« Ne pas confondre honneur et réputation »

« Il y a des gens qui observent les règles de l’honneur, comme on observe les étoiles, de très loin. » Victor Hugo

« Se méfier de l’ivraie des honneurs mêlée au bon grain de l’honneur. »

Une belle jeunesse à contre-courant loin de l’idéologie du genre et du wokisme, animée par l’amour de la France et de l’Église, soutenue par une assistance nombreuse : familles, amis, professeurs, etc. Un beau motif d’espérance à quelques jours de l’entrée dans la Semaine sainte durant laquelle nous nous ferons un point d’honneur d’accompagner le Christ dans sa Passion et qui verra rayonner sous nos yeux la plus belle des décorations, celle du Christ : la Croix.

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1 réponse

  1. « Qu’est-ce qu’un ministère d’union nationale ? C’est un ministère d’anticléricaux qui fait appel au dévouement des catholiques pour l’aider à tirer la France du péril où l’anticléricalisme l’a mise et, l’en ayant tiré, continue de la persécuter. » (Étienne Gilson).

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