Débat entre Jean-Pierre Maugendre et Arnaud Dumouche
Jean-Pierre Maugendre manifeste le caractère irénique et ambigu de cette déclaration commune entre le pape François et le président de l’Université d’Al-Azhar Arnaud Dumouch manifeste au contraire l’apport très riche au point de vue de la pastorale de ce document du pape François.
Thèmes abordés dans ce débat :
- Le statut doctrinal de ce document. Engage-t-il l’infaillibilité ?
- Le pape n’y pratique-t-il pas un œcuménisme du pire, ne citant jamais le nom du Christ ? Usage soixantuitard du Plus Petit Dénominateur Commun ?
- Le Dieu des musulmans (qui est anti-trinitaire) est-il le Dieu des chrétiens ?
- Est-il un document naïf où domine la takia « L’islam est une religion de paix et d’amour » ?
- Est-ce un document chrétien ou humaniste ?
- Ce document ne prône-t-il pas la liberté de l’existence du mal ? Comparaison avec l’encyclique « Libertas » de Léon XIII qui condamnait la liberté religieuse
- Ce document contient-il une vraie hérésie ? (CITATION) « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ».
2 réponses
Le plus impressionnant, encore plus depuis 1979 que depuis 1965, c’est le « qui ne dit mot consent » des théologiens et des évêques, alors que l’on est en droit d’attendre d’eux le rappel fréquent
– du fait que tout catholique qui, sous couvert de dialogue en vue de la paix ou de l’unité, donne à croire ou laisse entendre qu’il n’existe pas de différence de nature entre la religion chrétienne et une religion non chrétienne, induit grandement en erreur les destinataires de son discours,
et
– du fait que toute mise en mouvement pastorale ou prise de position doctrinale, qui a pour objet ou pour effet de poser un signe de convergence ou d’égalité entre la religion chrétienne et les religions non chrétiennes, est, par nature ou par principe, en mesure d’induire gravement en erreur.
Cette erreur est-elle une hérésie, dans l’acception classique de ce terme ? Les clercs et les fidèles néo-catholiques post-conciliaires, actualisateurs et amplificateurs des positions prises par les philosophes et les théologiens néo-catholiques ante-conciliaires, ont plutôt une attitude post-dogmatique, ou un comportement post-orthodoxe, la soumission de la dogmatique à la pastorale ayant abouti au remplacement de la distinction entre la vérité et les erreurs par la distinction entre l’unité et les retards, car enfin, comme chacun le sait, ceux qui sont contre la poursuite du cheminement, interconfessionnellement, interreligieusement, et même, au moins depuis mars 2013, interconvictionnellement correct, en direction de la sacro-sainte unité, ont une attitude archaïque, nostalgique, passéiste ou rétrograde, et sont des retardataires, rigides et sectaires.
A partir de là, quelques compléments ou précisions : d’une part, Léon XIII était pour la véritable liberté, ou pour la liberté responsable, mais était contre la liberté fallacieuse ou, en tout cas, contre la liberté libérale, en matière religieuse ; d’autre part, il est plus précis et prudent de dire que Dieu prescrit la vérité et permet les erreurs, en matière religieuse, que de dire qu’il veut, equivalemment ou indifféremment, l’une et les autres.
Ce 25 janvier : Conversion de saint Paul… Saul croyait sincèrement défendre son Dieu en persécutant les chrétiens, son regard sur Dieu était erroné et Jésus s’est manifesté à lui, il est devenu saint Paul ! Les musulmans prient Dieu puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu ! Il est fort probable que Jésus se manifeste à nombre d’entre eux en ce moment même.
« Ceux qui, sans faute de leur part, ne connaissent pas l’Évangile du Christ ou son Église, mais qui cherchent néanmoins Dieu avec un cœur sincère, et, émus par la grâce, essaient dans leurs actions de faire sa volonté telle qu’ils la connaissent à travers les préceptes de leur conscience – ceux-là aussi peuvent atteindre le salut éternel. … -« Catéchisme de l’Église catholique, n. 847-848
C’est notre cœur que Dieu voit, non notre religion, ce qui ne remet absolument pas en cause l’Évangile mais qui nous responsabilise plutôt en tant que catholique comme le suggère la fin de la citation :
« … Bien que, par des voies connues de lui-même, Dieu puisse conduire ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile, à cette foi sans laquelle il est impossible de lui plaire, l’Église a toujours l’obligation et aussi le droit sacré d’évangéliser tout les hommes. »
Et le Pape François nous invite à vivre en Esprit et en Vérité l’Évangile : revêtir les sentiments du Christ Jésus, accomplir la Volonté du Père, reconnaître en l’autre le frère que Dieu nous confie, oui qu’elle que soit sa religion.
Dieu ne veut Il pas que nous soyons Son peuple et que tous les hommes soient sauvés ?